« Fermer les yeux, du bout des doigts »-installation

Dans la pièce de théâtre Cendres sur les mains de Laurent Gaudé, le personnage de La Rescapée décide de ne pas accorder le rite symbolique du passage vers l’au-delà, aux Fossoyeurs au moment de leur agonie. Ce qu’elle refuse, c’est de les considérer au même titre que les siens, elle refuse de leur accorder la rédemption et le réconfort qu’ils demandent. Elle les laisse seuls, raidis dans la mort, les yeux ouverts. L’installation “Fermer les yeux. Du bout des doigts” exprime cet état précaire, incertain, du devenir du corps et du souvenir. Deux visages masculins sculptés en savon, gisent dans des drapés en faïence. Les traits tirés, ce sont les mains des visiteurs qu’ils attendent. L’eau à disposition est une invitation à porter sur ces sculptures des gestes évocateurs de la toilette mortuaire et ainsi permettre leur disparition progressive. Sous le savon, des crânes en faïence apparaissent au fur et à mesure, signe d’une décomposition et d’un devenir commun. Par les matériaux, les formes et l’interaction proposée, l’installation cherche à mettre l’expérience tactile et ses conséquences au cœur d’une réflexion sur nos rôles et responsabilités face aux défunts, mais aussi face aux œuvres.

 

Dessin de principe des sculptures