Exposition issue de la résidence ART&CONSERVATION
Centre de Conservation et de Restauration du Patrimoine Mobilier Corse, CALVI
2021-2022
L’exposition “Mes mains s’en souviennent », créée au sein et en collaboration avec le CCRMPC, est un espace de rencontre entre création contemporaine et discipline de conservation-restauration. Elle cherche, en croisant les regards, à mettre en perspective les problématiques de conservation du patrimoine et la pratique du rite funéraire.
L’attention et le soin portés à ce qui est en train de disparaître est le centre névralgique de l’exposition. Gestes protocolaires ou sensibles, gestes mortuaires ou gestes de restauration, ils ont en commun la responsabilité d’accompagnement vers un état nouveau.
Deux histoires se tissent, se rejoignent et résonnent à travers les œuvres. D’un côté, le devenir d’un patrimoine culturel et liturgique dont la richesse et l’étendue n’échappent pas à l’érosion du temps. D’un autre côté, le récit de fiction de la pièce de théâtre Cendres sur les mains de Laurent Gaudé, dont l’intrigue tourne autour d’un charnier, de deux Fossoyeurs et d’une rescapée.
Dans chacun de ces parcours se pose la question de la mémoire. Celle que l’on constitue, que l’on défend pour la transmettre aux générations futures. Pour préserver un témoignage de ce qui n’a pas survécu au temps, à l’oubli ou à la destruction.
Dans chacun de ces parcours interviennent des “rescapés” qui porteront le rôle de témoin.
D’un côté, le christ de Santa-Reparata, sculpture de procession génoise, restauré en parallèle de la résidence artistique et remis en lumière dans l’exposition. D’un autre côté, le personnage de la Rescapée de l’œuvre littéraire de Laurent Gaudé qui, par le toucher, apprend par cœur les corps meurtris par la guerre pour rendre possible leur commémoration. Tous deux garantissent la continuité du souvenir.
L’intention de l’exposition, au-delà de générer une réflexion sur les enjeux de conservation et de transmission, est de proposer une expérience singulière au visiteur en plaçant entre ses mains la responsabilité du devenir d’une œuvre. Ce dernier est invité à prendre position en rejouant ou non, des gestes de soin funéraire, influençant ainsi la perte ou la conservation des sculptures mises à disposition.
Reportage réalisé sur l’exposition: