Carrefour des cultures méditerranéennes, la Corse regorge d’un patrimoine artistique et liturgique foisonnant. Une quantité importante d’objets ont traversé les époques et sont aujourd’hui les traces d’un passé historique, artistique et traditionnel de l’île. Certains sont conservés, restaurés, valorisés, d’autres sont soumis à l’érosion du temps.
Le projet photographique “Qu’ils ne disparaissent pas” se présente comme un état des lieux documentaire de l’usure de certaines sculptures du patrimoine corse. La série, composée d’une soixantaine de photographies, montre des détails de sculptures en état de délabrement. Mais à travers ces images c’est avant tout le regard porté sur ces corps en ruine qui est mis en exergue. Le point de vue du restaurateur qui constate
l’état des œuvres est mis en écho avec celui de La Rescapée, personnage de la pièce de théâtre “Cendres sur les mains”. Le regard et les gestes qu’elle porte sur les corps sont emprunts d’une reconnaissance et d’une volonté de prodiguer une forme de rite funéraire pour rendre possible la commémoration des disparus.
Dans l’exposition, les répliques de La Rescapée qui dévoile ses pensées et ses actions sont interprétées par la comédienne et metteuse en scène Lauriane Goyet à travers une bande sonore. La diffusion de cette voix dans l’espace d’exposition donne à entendre le témoignage de cette femme mais donne également à voir la série “Qu’il ne disparaissent pas” sous un nouveau jour. En effet, les sculptures altérées par le temps évoquent l’entassement des corps brisés d’un charnier. C’est donc à travers ce double prisme que les visiteurs sont invités à parcourir la première partie de l’exposition.