Ne pas franchir, ne pas toucher, ne pas approcher… Les limites, qu’elles soient curatoriales, autoritaires ou morales, nous laissent à l’écart, nous privent d’un accès. S’il y a une matière qui porte en elle les affres de la privation ou l’affranchissement qui en découle, c’est bien le sel. Dès l’âge du bronze, on se déplace pour en avoir, on crée des routes de transhumance puis des frontières pour les protéger.
Le sel prédestine la ligne de séparation mais est aussi le vecteur symbolique de la désobéissance. D’Étienne de la Boétie à Gandhi, le monopole étatique imposé sur le sel pousse les peuples à s’affranchir des règles, à dépasser les interdits. L’installation « [Af]franchissement » joue avec la posture du spectateur face à l’interdiction.
Placée dans un espace d’exposition, cette ligne de sel condamne le passage autant qu’elle l’invite.
