Édition proposée en prolongement de l’installation TOUS DES BARBARES
«(…) et cet homme détruira ma muraille comme j’ai détruit les livres, il effacera ma mémoire et il sera mon ombre et mon miroir et il ne le saura pas.»
BORGES Jorge Luis, La muraille et les livres, Autres inquisitions, Buenos Aires 1950
EXTRAIT – L’OMBRE ET LE MIROIR
« Il n’y a pas de début à ça.
Au mur.
Ou peut-être une multitude de pas qui mènent à la muraille.
Peut-être que le mur est antérieur à la première pierre, qu’il n’est ni le béton, ni le barbelé.
Peut-être que le mur, avant d’être une construction, est la volonté d’ériger une séparation qui nous rende hermétique au barbare.
Le mur, avant d’être une frontière massive de pierres ou de béton, c’est peut-être d’abord tout ce qui le prédestine .
C’est peut-être d’abord la structure idéologique qui, peu à peu, le légitime, l’autorise, l’encourage, le façonne dans le regard des gens.
C’est peut-être même d’abord le verbe. Simple, fragile, autoritaire ou angélique.
Le verbe qui s’emmure, caché dans un coin de langue. »